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LA BARONNE.

Dites tout de suite, ou je vous renvoie…

CROISILLES.

Allons, soit !… Tout en vous aimant, je sais parfaitement que je n’ai rien à espérer…

LA BARONNE.

Vous dites cette phrase-la moins bien que les deux premières, et cependant c’est assurément la plus vraie…

Elle gagne la droite.

CROISILLES.

Comment !…

LA BARONNE, s’asseyant dans le fauteuil près du guéridon, et faisant signe à Croisilles de s’asseoir sur la chaise de l’autre côté du guéridon.

Maintenant, je vais vous dire pourquoi j’ai besoin de rester seule. Il y a quatre jours, chez madame de Méran, il a été convenu que nous donnerions, au profit des pauvres, une seconds représentation de la pièce que le marquis de Samma a fait jouer au cercle… vous savez ?…

CROISILLES.

J’y étais. Les rôles d’hommes étaient joués par des membres du cercle, les rôles de femmes étaient joués par des actrices.

LA BARONNE.

Oui, mais dans la représentation qui sera donnée chez madame de Méran les rôles de femmes seront joués par nous… Madame de Méré a pris celui de Zerline, madame de Lauwereins celui de Suzanne ; restaient ceux du chevalier et de la paysanne qui doivent être joués par la même personne : on me les a donnés tous les deux…