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mais, pendant la route, c'était impossible... L'émotion, le tapage du chemin de fer... pan pan... et puis, après le chemin de fer, cette carriole qui versait à moitié, et se relevait pour retomber encore... Il n'y avait pas moyen... Ici, au moins, je suis tranquille... je puis fixer mes idées, ici... Voyons... Eh bien, non... j'ai beau faire... tout ça danse, danse... (Elle essaie encore et se prend la tête à deux mains ) Vovons, pourtant, je veux... je veux... (En riant.) Ah ! ah bien, oui !... prrr !... à quoi bon réfléchir, d'ailleurs !... Je ne sais qu'une chose... c'est qu'hier j'étais là-bas... et qu'aujourd'hui je suis ici... C'est qu'hier encore je me croyais, j'avais toute raison de me croire condamnée aux troubadours à perpétuité, et qu'aujourd'hui je suis libre... ils ne viendront pas me chercher ici, les troubadours ! J'en ai fini avec eux... Une existence nouvelle va commencer pour moi, existence toute remplie d'amour, de passion, de délire !... Il est à moi, je suis à lui !... C'est ça que je lui ai écrit tout à l'heure, en anglais... sur le petit papier... Et maintenant, sans doute, il a lu le petit papier... Il sait que je l'attends... il s'élance... il accourt, il est là !... C'est lui !

Entre Boisgommeux.


SCENE VI HENRIETTE, BOISGOMMEUX.

HENRIETTE. Max!...

BOISGOMMEUX. Henriette !...

HENRIETTE. Ah!

Elle tombe dans ses bras. — Embrassements, transports. — Martine et Georgette paraissent au fond et lèvent les bras avec indignation.