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BOISGOMMEUX, les embrassant toutes les deux. — Il commence par Martine. A la bonne heure ! c'est ça de l'amour... pas de simagrées, pas de manières... (Les deux femmes sans le quitter, essaient de s'envoyer des coups de pied.) Eh bien?... qu'est-ce que c'est?... voulez-vous bien vous tenir tranquilles?... (Les deux femmes s'arrêtent : il les embrasse ; elles recommencent) Eh bien?... (Les deux femmes s'arrêtent de nouveau : il les embrasse.) C'est ça de... (Les écartant bruquement.) Eh bien, non! ce n'est pas ça du tout!... L'amour, c'est une petite femme, pas plus haute que ça, qui vous fait poser et qui se moque de vous, qui vous donne des rendez-vous et qui n'y va pas, qui se barricade derrière un cordon de sonnette et qui, de là, avec des petites mines de roquet en colère, vous crie : « Non, je ne vous aime pas... (Imitant les intonations de la marquise.) Non, je ne vous aime pas! non, je ne vous aime pas!... » C'est ça qui est l'amour, et ce n'est pas autre chose !.. De chaque côté de la scène, les deux femmes le regardent avec stupéfaction.

MARTINE, à Georgette. Qué qu'il a?...

Georgette répond par gestes qu'elle n'en sait rien.

BOISGOMMEUX. Vous n'êtes pas comme ça,vous deux... hé? (Les deux femmes se rapprochent de lui avec une certaine inquiétude. ) Ce n'est pas vous qui, si l'on vous parlait d'amour, iriez-vous pendre à la sonnette?...

MARTINE, ne comprenant pas. Nous pendre?...

GEORGETTE. A la sonnette, il a dit?...

MARTINE. A la sonnette!...

Après avoir essayé pendant quelque temps de ne pas rire, les deux femmes finissent par éclater.