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sortira des rangs du peuple et qui dira : « Ce n’est pas une reine, c’est une cocotte !… »

CALCHAS.

« Cocotte », grande reine !…

HÉLÈNE.

Oui !… et après tout, il avait raison, cet homme… Mais est-ce ma faute ?… moi, la fille d’un oiseau, est-ce que je puis être autre chose qu’une cocotte ?

Un air de flûte se fait entendre au dehors.
CALCHAS, qui a regardé à droite.

Entrez, entrez vite, grande reine : voici le jeune prince Oreste.

HÉLÈNE

Mon coquin de neveu !

CALCHAS.

Oui… il vient de ce côté, et en assez fâcheuse société.

HÉLÈNE.

Il ne faut pas trop lui en vouloir, à lui non plus… on n’est pas impunément de la race des Atrides… Entrons !

Elle commence à gravir les marches du temple. Calchas la suit. Des cris de : « Calchas ! ohé Calchas ! » se font entendre au dehors.
CALCHAS.

Entrez vite, grande reine ; je reste pour empêcher votre neveu d’aller plus loin… Il serait capable de faire irruption dans le temple et d’y troubler la majesté du sacrifice.

HÉLÈNE.

Il est gai.

CALCHAS.

Oui, mais je connais ses farces et je les redoute.

HÉLÈNE, se retournant vers la droite avant d’entrer dans le temple.

Tiens ! il est avec Parthénis… Elle s’habille bien, cette Parthénis ! Il n’y a que ces femmes-là pour s’habiller avec cette audace !

Elle entre dans le temple.