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HÉLÈNE.

Ma naissance, d’abord… vous la connaissez…

CALCHAS.

Qui ne la connaît pas ?

Rondeau d’« Orphée aux enfers ».

      Ce cygne traqué par un aigle,
      Que Léda sauva dans ses bras…

HÉLÈNE.

Ce cygne-là… c’était mon père ! l’aigle, c’était Vénus !… Cruelle Vénus !… Vous voyez bien, Calchas, que je ne suis pas une femme ordinaire… Et cependant j’aurais voulu… savez-vous, grand augure, ce que j’aurais voulu être ?…

CALCHAS.

Non, fille de Jupiter.

HÉLÈNE.

J’aurais voulu être une bourgeoise paisible, la femme d’un brave négociant de Mitylène… Au lieu de cela, voyez quelle destinée !… A seize ans, enlevée par ce petit fou de Thésée, pendant que je dansais avec abandon dans le temple de Diane.

CALCHAS.

Ce fut votre début…

HÉLÈNE.

Oui, et depuis… mais vous les connaissez… aussi bien que toute la Grèce, les égarements involontaires de ma jeunesse… Enfin, après tant de naufrages, j’ai pu croire que j’arrivais au port…

CALCHAS.

C’était Ménélas !…

HÉLÈNE.

Oui… bon et excellent homme !… J’ai tout fait pour l’aimer… Je n’ai pas pu… je n’ai pas pu…