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C’est très-bien !… et je pense que maintenant le pauvre Piquillo a chanté sa dernière chanson !

Relisant sur la lettre.

––––––« Pour les choses essentielles,
––––––« Tu peux compter sur ma vertu… »

Mais certainement j’y compte… et tu vas bien voir comme j’y compte ! ah ! Périchole ! Périchole ! (Il regarde autour de lui, aperçoit la guitare de la Périchole et en détache le ruban.) Une corde… voici qui en tiendra lieu. (Il va au cabaret et avise un gros clou à l’un des piliers). Un clou, c’est très-bien, un escabeau maintenant… (Il prend un tabouret et le met sous le clou.) Là… j’ai tout ce qu’il me faut… (Il monte sur le tabouret, attache le ruban au clou et se le passe autour du cou.) Il n’y a plus qu’à donner un coup de pied dans l’escabeau… ça a l’air tout simple… et c’est justement la chose délicate… allons !… une ! deux !… trois… (Il ne bouge pas.) Décidément, c’est la chose délicate… C’est comme au billard, le dernier carambolage… tous les amateurs vous diront que c’est le plus difficile… allons !…

Panatellas, qui sort du cabaret, donne un coup de pied dans l’escabeau ; Piquillo se trouve pendu ; le ruban, qui est en caoutchouc, s’allonge indéfiniment, et Piquillo tombe sur le dos de Panatellas, qui se met à crier, ne sachant ce que cela veut dire.


Scène XIII

PIQUILLO, PANATELLAS, puis LES TROIS COUSINES.
PIQUILLO, tout étourdi, soutenu par Panatellas.

Ah ! mon Dieu !… ah ! mon Dieu !…

PANATELLAS.

Holà !… quelqu’un !… à moi… (Les trois cousines accourent. Berginella prend un tabouret sur lequel on fait asseoir Piquillo au milieu du théâtre.)[1] Cet homme… il était là… en train de se pendre !…

  1. Mastrilla, Berginella, Piquillo, Guadalena, Panatellas.