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ACTE DEUXIÈME


LA LOGE DE MALAGA

Une loge d’actrice. — Décor et mobilier très-élégant. — Porte à droite. — À gauche, une toilette. — Également à gauche, au fond, un grand paravent. — Une affiche portant : 200e représentation d’Ariane.



Scène PREMIÈRE

MADAME PALESTINE.

Mon opinion à moi est qu’il faut toujours conserver les distances… Ainsi le jour où son succès a commencé, le jour où elle a quitté le nom de ses pères, de Jeanne Bernard, pour prendre celui de Malaga qu’elle a rendu célèbre, le jour où les députations des divers clubs sont venues déposer à ses pieds la triple couronne du talent, de la beauté et d’une vertu européenne, j’ai tout de suite pensé aux moyens de conserver les distances, j’ai cessé de la tutoyer… Autrefois je lui disais tu, et elle me répondait vous ; maintenant, c’est elle qui me dit tu, et moi je lui réponds vous ; comme ça la distance est toujours la même… et puis au fond, comme je suis son habilleuse… Il faut s’entendre, je suis son habilleuse en ce sens que je l’habille… mais il y a en moi des côtés (Avec orgueil), que vous chercheriez vainement chez une habilleuse ordinaire… le côté affectueux d’abord, et puis le côté littéraire… Quand les auteurs lui font dire quelque chose qui n’est pas français, c’est moi qui lui arrange ça… je lui retape son dialogue… et puis il y a encore en moi un côté… comment dirai-je ? un côté grincheux… c’est celui que je laisse voir