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ans, le 28 novembre. Je me trouvais seule à une heure avancée dans un carrefour désert… Trois jeunes gens s’élancent : Tu m’aimeras, dit le premier… Moi aussi, dit le second… le troisième, ah ! le troisième ! le troisième ne dit rien… il se mit en devoir de m’emporter dans ses bras… j’étais perdue… quand tout d’un coup, v’lan ! un de mes ravisseurs roulait à droite… v’lan ! un autre roulait à gauche… voyant cela, le troisième, celui qui ne disait rien, me laissa tomber et prit la fuite… Quand je revins à moi, mes yeux tout d’abord cherchèrent l’homme bienfaisant et courageux qui m’avait sauvée… c’était votre tante.

RAFAEL.

Je l’avais reconnue… à son bon cœur.

JEANNE.

Comme je lui demandais si elle était fatiguée : Non, me répondit-elle, et ; pour me le prouver, elle saisit un quatrième passant, il ne m’avait rien dit celui-là… et l’envoya se promener sur le trottoir d’en face… c’était un sergent de ville… il consentit heureusement à accepter nos excuses.

PALESTINE.

Enfant, à quoi bon rappeler ?…

JEANNE.

Voilà ce qu’elle a fait pour moi, M. Rafaël ! au moment où trois étourdis essayaient de m’entraîner dans le chemin du plaisir, elle m’a, d’une main ferme, recampée dans le sentier du devoir… Est-ce à vous son neveu d’essayer de m’en faire sortir ?…

RAFAEL.

Qui vous parle d’en sortir ?…

JEANNE.

Vous puisque vous me parlez d’entrer au théâtre !

RAFAEL.

Mais on peut entrer au théâtre, sans…

JEANNE.

Oh ! ne disons pas de bêtises, monsieur Rafaël ; j’ai pris