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88 LES ÉVANGILES.

« Les sciences historiques supposent, dit-on, qu’aucun agent surnaturel ne vient troubler la marche de l’humanité, et que cette marche est la résultante immédiate de la liberté qui est dans l’homme et de la fatalité qui est dans la nature ; qu’il n’y a pas d’être libre supérieur à l’homme auquel on puisse attribuer une part appréciable dans la conduite morale, non plus que dans la conduite matérielle de l’humanité. »

D’abord, Messieurs, il y a dans cette citation un mot que vous n’accepterez point. Lorsque Dieu intervient dans l’histoire il ne trouble point la marche de l’humanité. 11 la ramène vers sa fin lorsqu’elle, s’en écarte et lui fait retrouver la voie de la vérité et de la justice lorsqu’elle en est sortie. Si cette sollicitude de Dieu trouble les hommes, il faut bénir un trouble pareil. C’est le trouble d’un fils que l’autorité d’un père arrête sur la voie de la ruine et du déshonneur. C’est le trouble que produit chez le voyageur égaré dans la nuit et arrivé sur les bords de l’abîme, la lumière du matin ! L’intervention miraculeuse de Dieu sera au profit de la civilisation, du progrès, de la liberté apportés par l’Evangile, au profit des éternelles destinées de l’homme par delà le tombeau !

Revenons à l’objection. Comment le trouble causé par l’intervention de Dieu détruirait-il les sciences historiques ? On a dit que le miracle détruirait la logique de l’histoire, romprait la trame des effets et des causes, livrerait au hasard la suite des faits humains. Le miracle, Messieurs, dans la sphère morale, ne dé-