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CINQUIÈME LEÇON. 87

il dirige les événements de chacune de nos journées. L’action sensible de Dieu dans la vie de chaque homme, dans la vie de chaque peuple, et dans l’histoire générale de l’humanité est à mes yeux, et aux vôtres sans doute, Messieurs, une vérité démontrée. Mais comment comprendre que sans discuter, et avec une assurance dédaigneuse, on en rejette jusqu’à la possibilité ? Le sentiment de la corrélation des effets et des causes, la faculté de remonter à celles-ci par le moyen de ceux-là, le raisonnement enfin, peuvent-ils donc être plus outrageusement méconnus ? Pourquoi les procédés logiques, acceptés quand il s’agit des faits de la nature, ne seraient-ils plus valables dans le domaine de l’histoire ? Car enfin, si je lève les yeux vers la sphère des cieux, j’y découvre un ordre, une harmonie, un système de mouvement si savamment et si puissamment combiné, que je me trouve invinciblement porté à conclure qu’une intelligence suprême a réglé une œuvre si merveilleuse. Eh bien ! Messieurs, en constatant que les individus, les nations et l’humanité ont leur destinée particulière, et que ces destinées se rattachent les unes aux autres pour concourir à un but général vers lequel elles gravitent, j’éprouve le même entraînement à conclure qu’il existe une intervention divine qui relie la suite des actions humaines et m’empêche de les considérer comme une série de faits isolés, accidentels, sans lien et sans but ? Si Dieu est dans la nature, Dieu est dans l’histoire.

Mais, dit l’objection, s’il existe un être supérieur qui intervient dans la vie d’un peuple, il n’y a plus d’histoire.