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86 LES ÉVANGILES.

bien l’action merveilleuse et toujours présente de la Providence ? Je crois fermement qu’à côté de la fatalité de la nature, et de la liberté des peuples, l’intervention de Dieu trouve sa place et accomplit son œuvre. Si l’historien est philosophe et si ce philosophe est chrétien, il abordera encore des problèmes plus élevés. Bossuet, par exemple, résumera dans sa vaste pensée la formation, les mouvements, la succession des grands empires ; il rapprochera les histoires des nations, il comparera les destinées des grands royaumes. Il constatera que les peuples divers ont entre eux des liens mystérieux ; que les successions et les mouvements des empires sont les éléments d’un plan immense qui se déroule à travers les siècles. Ainsi qui pourrait nier que la Grèce par ses arts, sa langue, sa littérature, sa philosophie; Rome par ses conquêtes et l’unité de son gouvernement ; la Judée par la religion n’aient préparé, à divers degrés, sans le vouloir et même sans le comprendre, la voie au progrès du monde réalisé dans le christianisme ? L’humanité, elle aussi, a sa destinée ! Cette destinée, Messieurs, qu’est-ce, je vous le demande, sinon l’action incessante de Dieu dans le monde ? L’homme était aussi impuissant à concevoir a priori cette destinée qu’à la réaliser, puisque le plus grand des monarques et le plus puissant génie n’exercent leur influence que sur un point très-limité de l’espace et du temps. N’en doutons point, Messieurs, à côté de la fatalité de la nature et de la liberté de l’homme nous retrouvons toujours Dieu dirigeant les progrès et la marche des siècles, comme