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CINQUIÈME LEÇON. 85

et le contraire. Dieu a ramené même nos écarts à une merveilleuse unité ; de l’obstacle il a fait souvent le moyen. Messieurs, interrogez votre passé, vous surtout pour qui ce passé est presque la vie entière, et à côté de la fatalité de la nature et de votre liberté vous découvrirez l’action d’une admirable Providence. Lorsque l’historien d’un peuple rassemble dans sa pensée et résume les événements qui composent la vie de ce peuple, il y découvre, à certains moments décisifs, des faits qui après avoir jeté le monde dans la stupeur, étonnent et émeuvent à son tour l’homme qui réfléchit au fond de son cabinet : il constate des victoires sans proportion avec les moyens, des défaites inexplicables. Les résultats de ces événements inattendus sont quelquefois immenses ; et, chose admirable ! ces faits qu’on attribuerait volontiers au hasard créent des situations, des influences nécessaires, indispensables à la marche progressive de l’humanité et de la civilisation. Les victoires ont fait avancer une grande nation dans sa voie providentielle; les défaites l’y ont ramenée, alors que l’ambition l’avait poussée à s’en écarter. A la lumière de ces faits l’historien se convainc que les nations, elles aussi, ont leur vocation. Il voit que l’histoire de France, par exemple, a son unité : des princes, des politiques, qui tantôt avaient conscience de leurs œuvres et tantôt ne l’avaient pas, les succès et les revers ont concouru au même but et fait cette unité. L’historien conclut que les peuples ont leurs destinées. Cette destinée, Messieurs, est-ce une aveugle fatalité, ou