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PREMIÈRE LEÇON. 3

supérieur, il y a quelque chose de plus important que l’ordre logique des questions : c’est leur opportunité. En règle générale, quand l’esprit public s’occupe d’un fait, d’une idée, d’un problème, il convient que le professeur, dans la sphère de son enseignement, fasse servir les connaissances et l’expérience que ses études particulières lui ont acquises, à aider et à guider, s’il le peut, le travail des intelligences. Il est des circonstances où c’est non-seulement une convenance, mais un devoir : c’est lorsque l’esprit public peut s’égarer dans des questions graves ; c’est surtout lorsque la possession de la vérité la plus précieuse de toutes, la vérité religieuse, court risque d’être inquiétée et troublée dans les consciences. Depuis quelque temps déjà, des opinions hardies et tranchantes sollicitent l’attention publique et contristent les chrétiens. L’Allemagne, dans ces dernières années, a vu ses audacieux systèmes franchir le Rhin, et se répandre chez nous et en Angleterre : nos flegmatiques mais religieux voisins en ont été particulièrement troublés. Les auteurs des Essays and reviews, l’évêque Colenso, ont jeté l’alarme et sonné le combat au sein de l’Eglise anglicane. En France, les questions de critique biblique n’intéressent, à la vérité, qu’un très-petit nombre d’hommes instruits : néanmoins on a en partie réussi, par l’audace du paradoxe, par l’habileté de la mise en scène, par le charme d’une parole originale, rêveuse, poétique, polie jusque dans ses insolences, à triompher de l’indifférence générale. Des Revues, et même des journaux quotidiens, ont