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CINQUIÈME LEÇON. 83

une certaine mesure l'action de Dieu restreinte dans la limite des lois générales quand il s’agit de la conservation de la nature, du maintien, par exemple, de l’harmonie des sphères célestes. Les astres une fois enchaînés par les lois de la gravitation obéissent fatalement : une fois lancés dans les voies lumineuses qu’ils parcourent, ils ne reculeront pas. L’humanité au contraire est libre ; elle peut se détourner à tout instant de sa route. Le caprice, la passion peuvent jeter et jettent en effet les hommes dans d’étranges écarts. N’aperçoit-on pas dans ce fait la raison de la convenance d’une intervention particulière de Dieu à l’égard de l’humanité ? Ne conçoit-on pas, dès lors, des rapports non-seulement possibles, mais même très-convenables, entre les transgressions capricieuses de l’homme d’une part et la providence particulière de Dieu d’autre part, providence variant ses moyens de secours, et poursuivant le pécheur dans les voies sinueuses où les écarts de la liberté l’engagent, pour le ramener au droit sentier ? Quand les moyens ordinaires de la Providence ne suffisent plus à cause de l’aveuglement de l’homme, pourquoi Dieu n’influerait-il pas par des moyens extraordinaires sur la volonté qui résiste, redressant la liberté sans la briser ? — L’homme s’agite, Messieurs, et Dieu le mène ; profonde parole qu’il ne faut point méconnaître ; car je crains bien qu’en retranchant Dieu de l’histoire, celle-ci ne devienne une énigme dont le mot demeure introuvable ; je crains que les faits n’apparaissent plus légitiment reliés entre eux et que l’on méconnaisse absolument le but vers lequel