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82 LES ÉVANGILES.

dant à l’objection tirée de l’invariabilité de la nature : il fallait la détruire dans toutes ses instances. Voyons maintenant si le miracle rend impossible la science de l’histoire, ainsi que le même auteur l’affirme : « S’il y a, dit-il, une histoire en dehors des lois qui régissent le reste de l’humanité..., il n’y a plus de science historique... Les sciences historiques supposent qu' aucun agent surnaturel ne vient troubler l’humanité, et que cette marche est la résultante immédiate de la liberté qui est dans l’homme et de la fatalité qui est dans la nature; qu’il n’y a pas d’être libre supérieur à l’homme auquel on puisse attribuer une part appréciable dans la conduite morale, non plus que dans la conduite matérielle de l’univers. De là cette règle inflexible, base de toute critique, qu’un événement donné pour miraculeux est nécessairement légendaire. » Examinons le principe de l’objection, c’est-à-dire, s’il est vrai qu’il n’y ait que deux acteurs dans le grand drame de l’histoire. A côté de la fatalité de la nature et de la liberté de l’homme n’y a-t-il pas de place pour un troisième agent qui est la Providence de Dieu ? L’athée seul peut résoudre cette question par la négative, et avec lui ceux des déistes qui déclarent Dieu spectateur indifférent de la vie des hommes. Car s’il existe un Dieu, et si ce Dieu est Providence, il doit s’intéresser à la conduite morale de l’humanité. Ayant créé l’activité libre de l’homme pour qu’elle tende vers un but, il doit surveiller cette activité et la guider à sa fin. On comprendrait à la rigueur et dans