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CINQUIÈME LEÇON. 81

plement absurde. L’univers entier considéré dans ses phénomènes et dans ses lois, dans les substances qui le composent et dans leurs conditions d’existence, est contingent et subordonné. Dans les limites de sa sagesse infinie, Dieu en fait ce qu’il veut.

Ce fait de la subordination de la matière à Dieu et de l’intervention extraordinaire et accidentelle du Créateur détruit-il les sciences physiques ? Evidemment non. Je parle des sciences physiques, car il ne s’agit que d’elles ici. Les sciences mathématiques, philosophiques, morales, ont une base éternelle ; cette base consiste dans les idées même des choses et dans leurs rapports. Les idées sont indestructibles, immuables. Mais Dieu a donné à la matière la durée et non l’éternité, aux lois qui régissent les corps la fixité temporelle, non la fixité absolue ; et cette fixité temporelle suffit pour qu’on détermine les lois et les conditions des faunes et des flores diverses qui constituent les sciences naturelles. Je le répète, parce qu’on veut méconnaître ce fait, Dieu n’intervient, en dehors et au-dessus des énergies créées, qu’extraordinairement et exceptionnellement, dans des cas très rares relativement à la série indéfinie des phénomènes ordinaires. Par conséquent le miracle ne modifie pas d’une manière appréciable le cours des choses et les conditions des sciences physiques. Ainsi pensaient les Descartes, les Newton, les Cuvier, lorsqu’ils élevaient à la science de la nature ces magnifiques monuments qui ont illustré leur nom.

Pardonnez-moi, Messieurs, d’avoir tant insisté en répon-

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