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80 LES EVANGILES

tuelles sont unes et indivisibles; les substances matérielles sont composées, voilà la différence essentielle.

Je ne veux point prendre parti dans la question, n’embrasser une solution préférablement à l' autre. Je laisse aux prises les deux écoles de Descartes et de Leibniz. Il me suffit que ce dernier nie que les propriétés dites générales des corps soient essentielles à la matière; il me suffit que Descartes ne reconnaisse qu’à l’étendue un caractère de permanence et de nécessité, qu'enfin la plupart des physiciens s'accordent avec M. Deguin lorsqu'il dit : l'impénétrabilité et l'étendue sont les seules propriétés générales dont les corps ne puissent pas être dépourvus . L'invariabilité de la nature ramenée à ces proportions et restreinte dans ces limites, ne laisse plus de prise à l'objection. Je cherche en quoi, Messieurs, et comment la matière pourrait gêner l'action souveraine de Dieu, et au nom de quelle définition certaine et de quelle idée nette on peut argumenter contre les miracles. Quiconque a essayé de pénétrer l'essence de la matière s'est vite convaincu qu’elle est aussi mystérieuse que celle de l'âme ; et les plus grands philosophes ne forment à cet ègard que d’incertaines conjectures. On peut dire comment la matière nous apparait, on ne peut dire ce qu’elle est. Nous constatons les phénomènes, nous n’en saisissons pas les dernières causes. Mais qu'avons nous besoin de sonder plus longtemps des mystères impénétrables ? Le simple bon sens nous avertit que l'idée d’opposer la créature au Créateur, le monde à Dieu, dans le but de limiter l'infini, est sim-