Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée

CINQUIÈME LEÇON. 79

lières qui régissent notre système planétaire seraient détruites avec les corps célestes auxquels elles s’appliquent.

Mais ici, Messieurs, j’entends les adversaires se récrier et dire : Nous admettons que les lois particulières qui régissent notre globe et même les globes peuvent varier ; mais les propriétés générales des corps sont invariables. Alors, Messieurs, l’objection recule, elle abandonne une large place au miracle qu’elle voulait absolument bannir. Il n’y a donc plus d’impossibles que les miracles qui contrediraient les propriétés générales des corps, telles que la pesanteur, l’attraction moléculaire, la chaleur, l’électricité, la lumière. Tous les miracles qui peuvent se produire dans les limites de ces propriétés ne sont donc plus combattus par l’objection. L’aveu est considérable. Nous voulions le provoquer. En respectant ces lois, une énergie toute-puissante pourrait transformer l’univers tout entier. Mais, Messieurs, toutes les propriétés générales des corps que je viens d’énumérer sont-elles essentielles à la matière ? On aurait tort de le prétendre. J’ouvre un cours élémentaire de physique qui vous est bien connu, celui de M. Deguin, et j’y lis ce qui suit : « L’étendue et l’impénétrabilité sont les deux seules propriétés essentielles que possèdent les parties matérielles des corps: ce sont les seules dont on ne peut pas les laisser dépourvues. » L’objection doit donc reculer encore. Enfin Leibnitz niait que ces deux propriétés générales elles-mêmes fussent essentielles à la matière. L’essence de la matière, a-t-il dit souvent, consiste dans la composition. Les substances spiri-