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QUATRIÈME LEÇON. 75

miraculum. Dans la série des phénomènes, le miracle n'intervient que comme une exception à peine appréciable. De bonne foi cette imperceptible exception rend-elle la science impossible ? Newton, Copernic, Galilée, Leibnitz, Descartes, Pascal croyaient aux miracles, et je ne sache pas que la foi au surnaturel ait gêné leurs découvertes et entravé leurs déductions.

Vous dites : « I1 n’y a plus de météorologie si la prière peut appeler la pluie ou ramener le beau temps.» La météorologie a reçu, il est vrai, dans ces dernières années, de cruels démentis ; mais je soupçonne fort que le miracle en a moins été la cause que l’intempérante induction des savants. La météorologie n’est pas une science faite. Je veux espérer cependant qu’elle trouvera sa base et ses lois. Mais elle reposera sur le même principe que toutes les autres sciences, à savoir, que des causes identiques produisent des effets identiques. Les énergies naturelles produiront leurs effets naturels ; et l’intervention extraordinaire de Dieu pourra toujours, quand il le voudra, produire des miracles. Le monde des airs n’est point interdit à Celui qui a semé les astres dans les espaces infinis. Permettez moi en finissant, Messieurs, de vous dire qu’il y a dans l’objection que je viens de réfuter une insinuation cruelle à l’égard de ceux qui souffrent, qui prient et qui espèrent : Dieu serait sourd à leurs prières ! Les vœux et les pleurs de l’homme ne toucheraient point le Père qui est au ciel ! Le Créateur serait sourd ou resterait indifférent en présence des cris de détresse de ses enfants! —