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QUATRIÈME LEÇON. 69

et de la fatalité qui est dans la nature, qu’il n’y a pas d’être libre supérieur à l’homme auquel on puisse attribuer une part appréciable dans la conduite morale , non plus que dans la conduite matérielle de l’univers. De là cette règle inflexible, base de toute critique, qu’un événement donné pour miraculeux est nécessairement légendaire... Les lois du monde ont été de tout temps ce qu’elles sont aujourd’hui, » (Renan, lettre à ses collègues.)

Si nous résumons toute cette citation, voici ce que nous y trouvons. Le surnaturel est incompatible avec la science. Il n’y a point de force au-dessus de l’homme ni en dehors de la nature qui puisse modifier le monde physique : et si cette force existait et entrait en exercice, il n’y aurait ni météorologie, ni médecine, ni histoire : L’existence de la science suppose la nature invariable.

Commençons par cette dernière proposition : la nature est invariable ; ce qui veut dire, sans doute, le présent ressemble au passé comme l’avenir ressemblera au présent. L’induction scientifique, dit-on, conduit à cette conclusion.

L’expérience de l'homme, Messieurs, est courte ; et les moyens d’investigation pour connaître l’histoire du monde avant l’apparition de l’espèce humaine sur le globe, sont imparfaits ; cependant la science s’étend assez loin pour nous fournir le moyen de juger de cette prétendue invariabilité de la nature qu’on érige en principe : Que de changements à la surface du globe constatés par la géologie et par l’histoire ! Il y a trois cents ans l’Amérique n’était guère qu’une immense forêt. A la place de ces villes splendides