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QUATRIÈME LEÇON. 67

toute éternité. En créant la matière et ses lois, l’auteur de toutes choses n’a pu ni voulu enchaîner sa liberté ; et, comme l’ont dit tant de fois les apologistes, Dieu en portant la loi a prévu et voulu l’exception. Où est le changement de volonté ? Dieu a voulu qu’ordinairement, c’est-à-dire selon l’ordre commun, les phénomènes de l’ordre physique eussent une marche déterminée ; mais il voulait en même temps que, par des motifs dignes de sa sagesse, la marche habituelle des événements fût quelquefois, par exception, modifiée dans son cours. Il a voulu ces deux choses de toute éternité : où est le caprice, où est la mutabilité, le changement d’une volonté qui se ravise ? — Comment la résurrection de Lazare ou la résurrection de Jésus-Christ met-elle en péril la logique, la religion, l’immortalité, l’Evangile, la morale ? I1 est impossible de le voir. Ne parlons donc point de fatalité capricieuse. Ne rapprochons pas deux mots qui hurlent de se voir accouplés. C’est vous qui, sous le nom d’immutabilité, placez en Dieu la fatalité ; et ce n’est pas nous qui toisons un caprice du miracle, puisque nous disons au contraire que c’est une œuvre de prévision, de bonté et de providence. Je m’interroge, j’examine, je ne vois pas à l’objection l’ombre d’un fondement.

Je passe à une seconde difficulté opposée au miracle. Il rendrait la science impossible. J’emprunte la formule de l’objection à un écrit qui a fait quelque bruit l’année dernière :

« Le principe essentiel de la science est de faire abstrac-