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66 LES ÉVANGILES.

jourd’hui et le contraire demain, c’est alors que tout s’écroule, logique, religion, immortalité, Evangile, morale. Disons mieux : il n’y a plus de Dieu. Il ne reste qu’une fatalité n’ayant pas même le mérite du Fatum antique, lequel du moins ne revenait pas sur ses décrets aveugles, de sorte qu’on savait encore un peu à quoi s’en tenir sur son compte, — une fatalité capricieuse, capable de rendre fou quiconque la prendrait sérieusement pour le dernier mot des choses 1. »

Reprenons cette objection : « L’immutabilité divine est la pierre de fondation de ma foi et de ma religion..... » Que veut-on dire ? Ceci sans doute, à savoir qu’on ne peut admettre Dieu qu’à la condition de le reconnaître souverainement parfait, par conséquent immuable. Cette déclaration, Messieurs, soulage la conscience ; et par elle l’écrivain se sépare nettement des panthéistes. Dieu est immuable : il a donc tout su, tout prévu de toute éternité ; rien d’inconnu ni de nouveau ne peut influer sur ses volontés, ni les modifier. Cela est vrai ; mais en quoi le miracle ébranle-t-il cette pierre fondamentale de l’immutabilité de Dieu ? On s’explique et on dit que, le miracle supposé, Dieu voudra une chose aujourd’hui et une autre demain ! On ajoute : « Alors tout s’écroule, logique, religion, immortalité, Evangile, morale. » J’admets la conséquence. Mais comment, en faisant un miracle, Dieu veut-il aujourd’hui ce qu’il ne voulait pas hier ? Dieu voulait hier, Messieurs, le miracle qu’il fait aujourd’hui ; il le voulait de

1 Réville (Nouvelle revue de théologie, mars 1861).