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64 LES ÉVANGILES.

pose un maçon, une montre un horloger, la machine admirable du monde à son tour suppose un Dieu, cause intelligente, personnelle, infiniment supérieure à l’homme. En deux mots j’efface de votre esprit l’objection contre le miracle tirée de l’athéisme.

2° Le miracle ne peut trouver place non plus dans le système déiste ; mais, Messieurs, en niant le miracle, le déiste se fait du monde et de Dieu une idée irrationnelle. Les déistes supposent un Dieu séparé du monde, comme s’il était possible de comprendre autrement Dieu qu’immanent au sein de son œuvre. Ensuite peut-on comprendre l’éternelle oisiveté qui précéderait et suivrait l’activité créatrice ? Qu’est-ce que ce monde, machine dédaignée de Dieu, avec ses rouages mécaniques et contingents, qui, livrée à leur jeu fatal, ne serait elle-même qu’une aveugle fatalité ? Pourquoi Dieu aurait-il créé l’homme si sa vie, son bonheur, son malheur, le vice et la vertu lui étaient parfaitement indifférents ? Dieu ne serait plus ni sagesse, ni Providence ; et la création, accomplie sans but et séparée de son principe, ne nous apparaîtrait plus qu’une absurde et cruelle ironie ! Si donc le miracle est inconciliable avec le déisme, le déisme à son tour est inconciliable avec la raison.

3° Le miracle enfin n’a point de place dans le panthéisme ; mais, Messieurs, le panthéisme est l’absurde à sa plus haute puissance. Quelle peut donc être son autorité ? En identifiant le monde et l’homme à Dieu, le panthéisme prononce l’identité du contingent et du néces-