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QUATRIÈME LEÇON. 61

Jésus-Christ a-t-il fait des miracles ? Comme les témoignages que la critique reconnaît suffisants pour attester les faits historiques, attestent les miracles, la foi à la révélation était facile à établir. Rousseau s’en aperçut, et voyant qu’il s’engageait trop, il retira ses aveux. Comme lui, beaucoup de gens préfèrent se contredire, reprendre ce qu’ils ont concédé, plutôt que d’accepter le fait de la réalité des miracles. Selon eux, ces signes éclatants de l’intervention divine sont impossibles : ils ne correspondent plus à l'état des esprits qui a définitivement prévalu. On n’ose déclarer tout haut la raison de la répulsion qu’on leur témoigne, peut-être à cause du sentiment vague de la faiblesse des motifs à alléguer. Il est plus facile d’ériger en principe, sans la discuter, l’impossibilité des miracles que de la prouver. Toutefois, de nos jours, quelques écrivains ont rougi de ce parti pris : ils parlent comme s’ils étaient en mesure de défendre leurs prétentions : il faut s’en féliciter. Plût à Dieu que ces adversaires consentissent à entrer dans une discussion sérieuse et tranquille ! Quant à nous, Messieurs, nous les suivrons pas à pas : nous ne pouvons nous engager dans la recherche des titres historiques des Evangiles en laissant derrière nous, sans y toucher, des difficultés qui tendent à faire rejeter a priori la vie prodigieuse de Jésus-Christ.

Je vous l’ai déjà dit, Messieurs, je me sens parfaitement à l’aise dans ces discussions, puisque, nous élevant dans la sphère sereine des idées, nous demeurons étrangers aux questions personnelles, aux situations particulières de