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QUATRIÈME LEÇON.
OBJECTIONS CONTRE LES MIRACLES.
Les objections contre les miracles dérivent d’une fausse philosophie : athéisme, déisme, panthéisme. Immutabilité de Dieu. — Comment il faut comprendre l’invariabilité de la nature.


Messieurs ,

Ce n’est point sans raison qu’avant d’aborder la question de l’authenticité des Evangiles nous traitons la question préliminaire de la possibilité des miracles. Comme je vous le disais dans la dernière leçon, cette thèse vient d’être exhumée des archives de la polémique antireligieuse du XVIIIe siècle. Depuis bientôt cent ans elle n’était plus guère sérieusement attaquée ; il semblait que Rousseau avait clos définitivement les débats lorsqu’il avait écrit dans sa troisième lettre de la Montagne :

« Dieu peut-il faire des miracles, c’est-à-dire peut-il déroger aux lois qu’il a établies ? Cette question, sérieusement traitée, serait impie si elle n’était absurde. Ce serait faire trop d’honneur à celui qui la résoudrait négativement que de le punir, il faudrait l’enfermer. Quel homme a jamais douté que Dieu pût faire des miracles ? »

Mais au fond, les adversaires de la révélation chrétienne se résignaient moins franchement qu’ils n’en avaient l’air à confesser une vérité qui pouvait les entraîner plus loin qu’ils ne voulaient. Car, la possibilité des miracles admise, il ne reste plus qu’à examiner une question de fait :