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et préférer hautement la définition de saint Thomas à celle des Théologiens du XVIIIe siècle. Je traduirais librement la définition de l’Ange de l’Ecole : Le miracle est l'intervention surnaturelle et directe de Dieu se faisant elle-même reconnaître par des signes manifestes de puissance et de perfection.

Ainsi le miracle nous apparaît à la fois distinct de tout ce qui n’est pas lui-même ; placé au-dessus du cours ordinaire des choses, mais non pas contraire à la nature. De même que le mystère est au-dessus de la raison, sans lui être contraire, de même le miracle est au-dessus de la nature sans être contraire à la nature. Ainsi le miracle n’est point un fait abrupte, choquant, inconciliable avec l’ordre général des choses : c’est une triomphante manifestation de l’ordre divin dans son intégralité.

Après avoir ainsi expliqué et défini le miracle, avons-nous à poser la question de savoir s’il est possible ? Cette question n’est-elle pas déjà résolue dans vos esprits ?

Dieu est créateur, puissance, liberté , sagesse, providence : donc il ne peut rester indifférent et étranger à son œuvre. Ne comprend-on pas qu’il puisse intervenir extraordinairement dans la suite des temps, comme il l’a fait au commencement, quand des motifs de sagesse l’y invitent ? Il en a le pouvoir, puisqu’il est tout-puissant ; il peut mettre ce pouvoir en exercice, puisqu’il est libre ; il le veut parce qu’il s’appelle amour. Deus charitas est. Le miracle est la résultante des attributs divins : toute-puissance,liberté, amour.