Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/62

Cette page n’a pas encore été corrigée

56 LES ÉVANGILES.

guérir : Dieu seul peut ressusciter un mort. Je reconnais l’action de Dieu à des signes, à des phénomènes non pas contraires à la nature, mais supérieurs à l’ordre créé. Le miracle m’apparaîtra l’œuvre d’une incomparable puissance. Je l’avoue, la puissance de l’industrie humaine me ravira. J’entre dans le palais d’exposition qui, il n’y a que quelques mois, appelait tant de visiteurs à Londres. Que de preuves accumulées de la puissance et de l’intelligence de l’homme ! Le fer, l’argent, l’or, la soie, travaillés avec un art admirable, me montreront comment l’industrie de l’homme sait assouplir, façonner, embellir la matière. Les machines me feront voir l’habileté profonde et le calcul des combinaisons du génie industriel. Les étoffes me diront comment il sait prendre au lin, au chanvre, leur fibre textile, au ver à soie le fil doux et fin qui serviront de vêtement ou de parure. Les productions végétales me feront comprendre comment l’agriculteur et le jardinier savent développer et diriger les forces vivantes de la nature. Mais, Messieurs, tout cela ne fait que me préparer à comprendre et à distinguer de tout autre l’action directe de Dieu. Quand le Créateur voudra se montrer et agir, son œuvre dépassera infiniment tout ce que je vois, tout ce que j’admire. La moindre fleur, ne serait-ce que la plus humble de toutes, celle qui se cache à l’ombre du buisson, mais que trahit son parfum, la moindre fleur l’emporte dans sa constitution intime et le jeu de ses organes sur le bijou le plus artistement travaillé, sur l’arôme le plus finement