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TROISIÈME LEÇON. 55

violemment courbés sur un sol jonché de feuilles : ce sol est en outre profondément raviné par les eaux. A ces indices je me dis : un ouragan, une tempête accompagnée de pluies torrentielles s’est déchaîné sur la forêt. Je reconnais l’action des éléments. Plus loin, je vois sur le sable l’empreinte d’un pied qui n’est point celui de l’homme, l’herbe broutée, des excavations d’un certain genre plongeant bien loin dans la terre, des tanières et d’autres indices bien connus des chasseurs ; je sais à ces signes certains quel animal a laissé ces traces de son passage et de son action. Enfin je trouve une hutte, et à côté des arbres équarris, des bois coupés de longueur égale et symétriquement placés ; je n’hésite pas un moment et je dis : voilà l’œuvre d’un bûcheron. Et de la sorte, je distingue l’intervention des divers êtres de la création par des signes incontestables. Je sais le mode d’action des agents inorganiques, des êtres vivants, et de l’homme. Je ne m’y tromperai jamais. Ne puis-je pas à des signes aussi certains reconnaître l’intervention d’un être supérieur à l’homme et à toute la nature créée, c’est-à-dire l’intervention de Dieu ? Croyez-vous qu’il ne puisse pas exister une différence aussi grande entre l’œuvre de Dieu et l’œuvre de l’homme, qu’entre l’action de celui-ci et celle d’un être dépourvu de raison ? Les moyens d’action de l’homme me sont connus, j’en entrevois les conditions et les limites : les moyens d’action de Dieu me sont inconnus, et leurs effets peuvent être indéfiniment puissants. Un habile médecin peut soulager et