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54 LES ÉVANGILES.

d’enlever tout prétexte aux incrédules du temps de confondre le miracle avec les effets surprenants du galvanisme et du magnétisme 1, auxquels on osait alors l’assimiler. Mais, Messieurs, est-il nécessaire que l’intervention de Dieu, pour être nettement distinguée de l’intervention de l’homme, se manifeste par une contradiction ? Ne peut-elle pas se reconnaître à d’autres caractères ? Dieu, dans le domaine de la nature, et au-dessus de la nature, peut mettre en action des énergies dont l’homme laissé à ses propres forces ne dispose jamais. Dieu peut avoir et possède en effet une action qui lui est propre et que l’homme peut reconnaître à des signes certains. Dieu peut ajouter des énergies nouvelles à celles qu’il a créées. En ce cas l’action divine sera très-distincte de l’action humaine et ne pourra en aucun cas être confondue avec elle ? On distingue aisément dans la nature l’intervention d’un corps inorganique de l’action d’un agent vivant, l’intervention d’un être dépourvu de raison, de l’intervention de l’homme. Pourquoi ne distinguerait-on pas aussi sûrement l’intervention divine ?

Eclaircissons ces propositions un peu abstraites par des exemples.

Je pénètre dans une forêt, je vois de grands arbres déracinés, des branches brisées, de jeunes arbrisseaux

1 Galvani, professeur d’anatomie à Bologne, fit au XVIIIe siècle la découverte de certaines propriétés électriques qu’on appela galvanisme. Ayant par hasard approché un conducteur électrique des muscles d’une grenouille écorchée, il remarqua avec étonnement les mouvements que ce rapprochement produisait chez l’animal.