Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée

52 LES ÉVANGILES.

densité de l’eau, par exemple, cède à la densité du fer, qu’un animal plus fort terrasse un animal plus faible, que l’intelligence domine la force brute et que l’énergie de Dieu domine celle de la création. Ecoutons saint Thomas :

« Considerandum videtur quod licet Deus præter ordinem rebus inditum aliquid operetur nihil tamen facit contra naturam. »

« Quidquid agitur a Deo in rebus creatis, non est contra naturam, etsi videatur contra ordinem proprium alicujus naturæ.1 »

Dieu, dit encore le grand docteur, est le suprême agent ; et tout ce qui est au-dessous de lui devient son instrument. Or, la nature d’un instrument est de servir l’action du principal agent. En cela il n’y a rien de contraire à la nature de l’instrument. La chose est parfaitement convenable, elle n’est donc point contre la nature. Qu’importe ici qu’une cause plus forte domine et maîtrise une cause plus faible ? Dans l’action réciproque des corps opérant les uns sur les autres, on ne peut dire qu’il y ait un fait contre nature. « In agentibus etiam corporalibus hoc videtur quod motus qui sunt in istis inferioribus corporibus ex impressione superiorum non sunt violenti, neque contra naturam, quamvis non videantur convenientes motui naturali quem corpus inferius habeat secundum a proprietatem suæ formæ. »

On ne peut dire que l’action d’un corps viole la nature d’un autre en lui imprimant un mouvement que celui-ci

1 Summa contra gentes., ch. 99.