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TROISIÈME LEÇON. 51

gier et le Cardinal de la Luzerne. Sa définition a l’avantage d’échapper aux injustes accusations des incrédules ; elle en supprime le prétexte : elle me semble, en outre, plus juste et plus profonde. Le miracle, selon saint Thomas, est le fait d’une intervention divine en dehors et au-dessus des énergies connues : opus divinam prœter ordinem communem.

En dehors des limites de l’ordre commun ou naturel, s’étendent les horizons sans bornes du monde surnaturel. En prenant l’homme pour centre de la création, on peut concevoir en deçà et au delà comme deux infinis, celui qui sépare cette créature intelligente et libre du néant, et celui qui la sépare de Dieu. L’ordre commun ou naturel finit aux limites du monde visible et de ses lois. De même que l’homme est le couronnement de la création visible qui constitue l’ordre naturel, de même l’ordre surnaturel est le couronnement de l’ordre humain. Le couronnement d’un édifice en fait la gloire : il le complète à la fois et l’embellit. D’où il suit que ce qui se rapporte à l’ordre surnaturel ne dépare et ne détruit point l’ordre naturel. La grâce, disent les théologiens, ne détruit pas la nature. Dieu et son action ne violent pas la création. Ainsi les miracles, loin d’être une déchéance, un amoindrissement de l’ordre naturel, le complètent et l’anoblissent. Le miracle est si loin d’être opposé à la nature, qu’il entre dans son harmonie. Il n’est point contraire à la nature qu’une loi inférieure cède à une loi supérieure, qu’une force plus faible soit annulée par une force plus puissante, que la