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50 LES ÉVANGILES.

Eh bien ! Dieu n’a-t-il pas le pouvoir de modifier ou même de détruire ce qu’il a créé ? Cette action, propre à Dieu, se traduit par un fait surnaturel, c’est-à-dire par un miracle. Il suffit d’avoir une idée juste de Dieu, de croire à sa toute-puissance, pour comprendre que si un juste motif s’offre à lui d’opérer un miracle, Dieu a le pouvoir de le faire.

Ainsi, Messieurs, se justifie la possibilité du miracle aux termes de la définition donnée au XVIIIe siècle. Le miracle est possible dans l’opération divine qu’il constitue ; et de plus il est possible par les motifs en vue desquels il est accompli, motifs de sagesse souveraine.

Mais, Messieurs, il y a dans les termes de la définition du XVIIIe siècle telle expression qui, mal comprise, répugne à certains esprits. Bergier disait : « Un miracle est un fait contraire à la nature. » Ce mot, contraire à la nature, semble impliquer l’idée d’un désordre, d’une anomalie, d’une contradiction avec l’action créatrice : On s’empare du mot, on en abuse, et on conclut que dans le cas du miracle Dieu n’agirait pas harmoniquement avec lui-même. Pour justifier Bergier, on peut dire que la contradiction supposée n’existe pas. Dieu en posant la loi admet l’exception ; il ne se contredit pas.

Toutefois, cette suspension des lois de la nature ne m’agrée point. Dieu sans doute peut non-seulement suspendre, mais encore détruire l’action de la nature. Mais le fait-il quand il opère un miracle ?

Saint Thomas définissait le miracle autrement que Ber-