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TROISIÈME LEÇON. 49

ne s’en suivrait point que les miracles fussent surdivins. Les lois de la nature seraient simplement l’action ordinaire de Dieu ; et les miracles l’action extraordinaire. De ces deux modes d’agir, l’un ne serait pas plus surdivin que l’autre : seulement le premier serait plus fréquent, le second plus rare.

Mais, Messieurs, il n’est pas permis d’identifier les lois de la nature avec Dieu lui-même, soit avec la substance de Dieu, soit avec l’action immédiate de Dieu. Les lois de la nature sont déterminées par la sagesse de Dieu ; mais il met en rapport avec elles les éléments constitutifs des êtres ; ils sont créés par Dieu, en vue de ces lois : dans le monde matériel aux yeux du savant, les lois de chaque être sont la manifestation de ses principes constitutifs, manifestations qui se traduisent par des phénomènes dont la constance est appelée par les naturalistes une loi. Une des lois du liège, par exemple, est de remonter à la surface de l’eau, et une loi du fer est de s’y enfoncer. Pourquoi ? parce que dans le premier cas la densité du liège est inférieure à celle de l’eau, et que dans le second celle du fer lui est supérieure. Ainsi, en physique, la loi d’un être organique est la manifestation de la nature de cet être, ou plutôt l’être lui-même considéré dans ses propriétés et ses éléments constituants. Or, ces êtres ne sont pas Dieu, ils sont créés. Donc les lois physiques, en tant que réalisées dans la nature et non quant à leur idée abstraite, sont créées elles-mêmes. On ne doit pas les confondre avec Dieu, leur auteur.