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TROISIÈME LEÇON. 47

ce qu’il faut entendre par un miracle, et que nous fixions notre attention sur les termes de la définition. Ce sera le sujet presque unique de cette leçon, sujet aride et contristant pour un cœur chrétien. Après dix-huit siècles de foi, comment sommes-nous ramenés à en justifier les premiers éléments ? Je m’en afflige. Je vous demande donc quelque courage et toute votre bienveillante attention.

Le miracle a été défini différemment à diverses époques ; et bien que l’idée principale soit toujours la même, néanmoins on a été plus ou moins heureux dans la définition du miracle.

Au XVIIIe siècle les théologiens l’ont défini : une suspension des lois de la nature opérée par Dieu pour une fin conforme à sa sagesse. Le miracle ainsi défini impliquerait un fait contraire à une loi particulière de la nature. Voici les paroles de Bergier : « Dans le sens exact et philosophique, un miracle est un événement contraire aux lois de la nature, et qui ne peut être l’effet d’une cause naturelle. Toutes les définitions qu’on a données des miracles reviennent à celle-là, quoique les philosophes et les théologiens aient varié dans les termes dont ils se sont servis 1. »

Mais que faut-il entendre par une loi de la nature ? L’un des deux théologiens protestants entrés en lice l’un contre l’autre, et dont je vous parlais tout à l’heure, me semble avoir mal compris en quoi consistent les lois de la

1 Berg., Dict. théol. art. miracles.