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46 LES ÉVANGILES.

racles. Ce discours, d’une incontestable actualité, produisit une grande sensation. Un pasteur protestant, appartenant à cette fraction du protestantisme qui chez nous vulgarise les résultats de la critique négative de l’Allemagne, un écrivain bien connu en France par des articles de Revue et en dernier lieu par un ouvrage sur saint Matthieu 1, entreprit de combattre le discours de son collègue. Ces deux loyaux adversaires ont placé la question sur le terrain qui lui convient, celui du raisonnement, et ils l’ont traitée au point de vue des idées et des préoccupations du XIXe siècle. C’est sur le même terrain et au même point de vue que je veux traiter la question. Vous comprenez, Messieurs, que ce n’est point sans raison qu’avant de sonder l’origine des Evangiles, j’aborde ici la question de la possibilité des miracles. C’est une question préliminaire d’une grande importance. Si les faits surnaturels étaient absolument impossibles, pourquoi nous engagerions-nous plus avant dans la question de l’autorité et de la véracité des Evangiles ? La question serait décidée. L’histoire évangélique est une série non interrompue de miracles : cette histoire serait une fable, et nous n’aurions plus à la traiter qu’au point de vue de la mythologie.

Ce n’est donc pas l’amour de la controverse, c’est la nécessité qui nous amène à poser cette question : les miracles sont-ils possibles ?

Pour la résoudre, il faut d’abord que nous sachions bien

1 Le pasteur Réville.