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44 LES ÉVANGILES.

non, c’est encore l’erreur du siècle présent. Plus de gens de nos jours qu’on ne pense repoussent a priori les miracles comme impossibles.

Combien d’hommes naïfs s’étonnent qu’il puisse exister des personnes éclairées croyant aux miracles ! Je me rappelle l’exclamation d’un homme de lettres en présence d’un chrétien qu’il savait fort capable et fort instruit, et qui ne dissimulait point sa croyance aux miracles : " Vous croyez donc encore à cela ! Vous croyez donc aux possessions, aux guérisons par la parole, aux résurrections ! » A peu près comme on dirait : « Vous croyez donc à la magie, à la sorcellerie, aux vampires ! » Pour cet étonné le miracle était le comble de l’absurde. On a affecté, il y a peu de temps, dans un écrit public, un dédain superbe pour le surnaturel, et voici dans quels termes : « II est superflu de combattre l’hypothèse des miracles, parce qu’une telle hypothèse correspond à un tout autre état de l’esprit humain qu’à celui qui a définitivement prévalu 1... » On refuse même la discussion. « A cette polémique, a-t-on écrit de rechef, Voltaire seul suffit..... Voltaire, si faible comme érudit, Voltaire, qui nous semble si dénué du sentiment de l’antiquité, à nous autres qui sommes initiés à une méthode meilleure 2, Voltaire est vingt fois victorieux d’adversaires encore plus dépourvus de critique qu’il ne l’est lui-même. La nouvelle édition qu’on prépare des œuvres de ce grand

1 Renan, lettre à ses collègues. — 2 Ne vous vantez-vous point trop tôt, Messieurs ? Attendez 50 ans.