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très moyens pour découvrir peu à peu les secrets de la création ; et l’Esprit-Saint, de son côté, a autre chose en vue que de fournir à l’homme des connaissances qui importent peu à la sanctification des âmes Voilà pourquoi, sur les choses de l’ordre naturel, la Bible parle le langage vulgaire. Elle s’accommode aux idées du temps, à celle des auteurs et des multitudes. Et de fait, puisqu’elle prend leur style avec ses incorrections, pourquoi ne se conformerait-elle pas, dans l’expression, à leur manière de représenter les phénomènes de la nature ? Une seule chose suffit pour sauvegarder son autorité, c’est que sous ces expressions, aucune erreur ne soit véritablement contenue.1[1]

« Quelques docteurs catholiques sont allés plus loin. Holden a pensé que la Bible ne perdrait rien de sa dignité ni de son inspiration, quand même il s’y serait glissé quelque erreur de détail, insignifiante au point de vue de la religion et de la morale. Cette opinion hardie a été censurée par la Sorbonne ; nous ne croyons pas pourtant que l’Eglise l’ait absolument condamnée. Mais comme elle est repoussée à peu près unanimement par les théologiens, on ne saurait lui accorder une probabilité quelconque. Pourtant, si quelqu’un y avait recours pour mettre sur un point particulier sa science d’accord avec sa foi, nous n’oserions déclarer qu’il se met par le fait même en dehors de l’orthodoxie.

« En résumé, il ne faut ni déprimer l’autorité de nos livres saints, en leur refusant l’infaillibilité qui leur est propre ; ni l’exagérer, en étendant leur témoignage à des objets qu’il ne concerne pas. Dieu a voulu qu’il y eût un monument certain, attestant l’origine et la nature de la double alliance qu’il a contractée avec les hommes ; une sorte de répertoire authentique, que l’on pourrait toujours consulter sur les faits qui se rap-

  1. « Quamvis enim nullam complectatur Scriptura falsitatem, altamen ipsius loquendi modus ut plurimum vulgaris est, atque ad communem hominum captum potius quam ad loquelæ proprietatem et sermonis rigorem adaptatus... Qui physicas, mathematicas, astrologicas... veritates ex sacræ scripturæ locis, obiter insertis et juxta vulgi loquelam expressis, tradere vellet, et theologo et philosopho indignum ageret. » (Analysis fidei, chap. V, lect. I, p. 48.)