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leur sert de règle, non jurant in verba magistri. Et comme il n’y a rien que de sage dans cette conduite, on a tort de les accuser de combattre des sentiments reçus et autorisés dans la plupart des écoles, quand ces sentiments ne sont pas bien appuyés : ce qui leur est arrivé dans le fait dont il s’agit. « Les théologiens de Louvain produisent comme un des principaux motifs de leur censure, la conformité des trois propositions des Jésuites avec une ancienne opinion qui a été condamnée dans les Anoméens, et dont saint Epiphane a fait mention. Mais il suffit d’apporter le témoignage de saint Epipbane, pour faire voir la fausseté de celte objection. Ce Père dit que les Anoméens blasphémaient contre les prophètes et contre les Apôtres : que lorsqu’on les pressait fortement, ils évitaient la difficulté, en répondant que l’Apôtre avait parlé comme homme. Y a-t-il rien dans les trois propositions qu’on a exposées ci-dessus qui approche de cela ? Les Jésuites du collège de Louvain ont-ils avancé qu’il peut y avoir quelque chose de faux dans les écrits des Apôtres, sous prétexte que ce sont des hommes qui ont parlé ? C’est là cependant le sentiment des Anoméens, qui, ne pouvant satisfaire aux raisons qu’on leur opposait, qui étaient prises des livres du Nouveau Testament, disaient que les auteurs de ces livres avaient parlé comme hommes en ces endroits-là. — On appliquera la même réponse à l’objection que ces docteurs ont tirée de la préface des Commentaires de saint Jérôme sur l’épître de saint Paul à Philémon. Ce Père fait mention en ce lieu-là de certains hérétiques qui rejetaient cette épitre, parce qu’ils prétendaient que ce saint Apôtre n’avait pas été dirigé par l’Esprit de Dieu en l’écrivant. Qui nolunt, dit-il, inter epistolas Pauli eam recipere, quæ ad Philemonem scribitur, aiunt non semper Apostolum, nec omnia in se Christo loquente dixisse, quia nec humana imbecillitas unum tenorem S. Spiritus ferre potuisset. Mais quand on accorderait à ces hérétiques que saint Paul et les autres Apôtres n’ont pas été inspirés dans tout ce qu’ils ont écrit, il ne s’ensuit pas que l’on doive rejeter une partie de leurs écrits. Il suffit que l’on reconnaisse, avec les jésuites de Louvain,