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42 LES ÉVANGILES.

TROISIÈME LEÇON.

LES MIRACLES.

Définition du miracle. — Sa possibilité. — Comment on distingue les miracles des faits naturels.

Messieurs ,

Nous avons constaté, dans la dernière leçon, l’influence absorbante que les systèmes philosophiques ont exercé au XVIIIe et au XIXe siècles sur l’exégèse rationaliste. Ils lui ont ravi l’indépendance, et avec l’indépendance l’autorité. L’exégèse a été réduite à n’être plus guère, malgré la science incontestable qu’elle a souvent déployée, qu’une application ingénieuse de la philosophie du jour à la Bible ; elle a été condamnée au rôle plus que modeste de servante de la philosophie, ancilla philosophiœ. Bien différente nous est apparue l’exégèse catholique qui n’a jamais cherché dans la Bible que la Bible, conservant avec un saint respect les premières et fidèles interprétations des textes. Je ne parle pas ici, bien entendu, de l’interprétation dite allégorique. Cette poésie luxuriante et charmante, sans prétention philologique, quelquefois intempérante, a toujours été nettement distinguée dans l’Eglise de l’interprétation littérale, seule admise pour témoigner de la doctrine contre les hérétiques. Nous ne nous occupons que de celle-ci. Tandis que cette dernière herméneutique, si sensée dans sa méthode, aura toujours droit à la considération et au respect des