« Quoique les commentaires de Cornélius à Lapide soient entre les mains de tout le monde, il est bon de produire ici ses propres paroles, d’où l’on pourra juger que les jésuites de Louvain n’eurent aucun égard aux censures des théologiens de ce pays-là. Remarquez, dit ce jésuite, que le Saint-Esprit n’a pas dicté tous les livres sacrés d’une même manière ; car il a révélé et dicté à Moïse et aux prophètes les paroles de la loi et des prophètes. Mais pour ce qui est des histoires et des exhortations de piété, que les écrivains hagiographes avaient apprises, soit en les voyant, soit en les entendant, ou par la lecture et par la méditation, il n’a point été nécessaire quelles fussent inspirées ou dictées par le Saint-Esprit, parce que ces écrivains les savaient très-bien. C’est ainsi que saint Jean, ch. 19, vers. 35, dit qu’il écrit ce qu’il a vu. Saint Luc témoigne aussi, ch. 1, vers. 2, qu’il écrit son Evangile sur ce qu’il avait appris des Apôtres. Tout cela est manifestement opposé aux censures des docteurs de Louvain et de Douai. Ce jésuite parle d’une manière claire et distincte. Il confirme avec netteté le sentiment de ceux de la société qui avaient enseigné avant lui la théologie dans leur collège de Louvain. »
« Mais comme on pourrait objecter que cette opinion est la même que celle de Grolius et de Spinosa, qui ne reconnais sent point d’autre inspiration que celle des livres prophétiques, il est à propos d’ajouter ici ce que Cornélius a Lapide a observé en ce même endroit sur la manière dont les histoires et les ouvrages de morale ont été inspirés. On dit néanmoins, ajoute-t-il, que ces derniers ouvrages ont aussi été dictés par le Saint-Esprit, premièrement parce qu’il a assisté ceux qui écrivaient, afin qu’ils ne se trompassent jamais ; en second lieu, parce qu’il leur a suggéré d’écrire plutôt une chose qu’une autre. Le Saint-Esprit ne leur a donc pas suggéré les conceptions ni la mémoire des choses qu’ils savaient, mais il leur a inspiré seulement de mettre plutôt par écrit une conception qu’une autre. Voilà en quoi ce savant jésuite a fait consister l’inspiration des livres historiques et de morale de l’Ecriture sainte. Il ne parait en cela que du bon sens ; au lieu que dans l’opinion des docteurs de