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distinguer quelles sont les opinions les plus sûres et les plus reçues, il veut que ce choix dépende du recteur, qui doit suivre ce qui sera établi dans toute la société pour la plus grande gloire de Dieu. »

« En effet, lorsque les jésuites parurent dans le monde, on commençait à avoir de bien plus grands secours pour l’étude de la théologie, qu’on n’en avait eu auparavant. C’est pourquoi ils firent sagement de ne s’attacher pas avec opiniâtreté aux sentiments de saint Thomas et de saint Augustin, comme on faisait alors dans la plupart des universités. Ils eurent raison sur ce pied-là de ne suivre pas aveuglément, sur le fait de l’inspiration des livres sacrés, ce qui était le plus reçu dans les écoles de leur temps. Cette liberté de prophétiser qu’ils avaient accordée à leurs professeurs en théologie, leur fit faire de nouvelles découvertes dans cette science ; et c’est à cela que j’attribue la rigueur avec laquelle les jésuites de Louvain soutinrent leurs sentiments sur l’inspiration, sans se mettre en peine de ce qu’on croyait dans les facultés de théologie de Louvain et de Douai, qui n’avaient pas examiné ce fait avec assez de soin. »

« Les censures de ces deux facultés ne les empêchèrent point d’enseigner dans la suite les mêmes opinions dans leur collège de Louvain, sur l’inspiration des livres sacrés. Le Père Cornélius a Lapide fit peu d’années après dans ce même lieu des leçons publiques de l’Ecriture sainte, lesquelles il continua pendant l’espace de seize ans. Il publia même ses leçons par l’ordre de l’archevêque de Malines et de ses supérieurs, commençant par ses commentaires sur les Epitres de saint Paul, qu’il dédia à cet archevêque. Or, dans l’explication qu’il donne du passage de cet Apôtre où il est parlé de l’inspiration de l’Ecriture, il est entièrement opposé à Estius, qui professait en même temps dans l’Université de Douai. On voit manifestement que ce jésuite s’est étendu exprès sur cette difficulté, et qu’il avait en vue les censures des théologiens de Louvain et de Douai. Il établit dans son commentaire sur cet endroit de saint Paul les propositions que les docteurs avaient condamnées.