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vée, parce qu’elle a été inspirée. Voyons maintenant si les docteurs de ces deux facultés de théologie ont eu raison de condamner ces trois propositions avec des termes si injurieux à la société des jésuites. »

« On observera avant toutes choses que les jésuites qui publièrent à Rome, en la même année 1586, le directoire des études de ceux de leur compagnie, intitulé : Ratio Studiorum, ont mis entre les propositions que leurs théologiens doivent préférer aux autres celle-ci qui regarde l’inspiration des livres sacrés : Il est plus probable que les paroles des premiers exemplaires et originaux qui n’ont point été corrompus ont été toutes en particulier dictées par le Saint-Esprit POUR CE QUI EST DE LA SUBSTANCE , différemment néanmoins selon la différente condition des instruments. »

« On voit par là que les jésuites de Rome ne croyaient pas dès ce temps-là qu’il fallût reconnaître une même inspiration dans tous les livres de l’Ecriture ; et lorsqu’ils disent que chaque mot a été inspiré, ils ajoutent en même temps, pour ce qui est de la substance. De plus, ils ne mettent cette inspiration des mots pour ce qui appartient à la substance, que comme une opinion probable ; en sorte qu’ils croient qu’on la peut aussi nier avec probabilité. Il est vrai que le sentiment des deux facultés de théologie de Louvain et de Douai était alors le plus reçu dans les écoles. Mais les jésuites, qui avaient dès ce temps-là de savants hommes dans leur société, s’aperçurent qu’il combattait le bon sens, et qu’il était même opposé aux plus anciens docteurs de l’Eglise. Ceux de leur collège de Louvain ne firent rien qui fût contraire à la règle ou constitution de leur fondateur, laquelle leur défend expressément d’introduire de nouvelles opinions ; car cette même règle ajoute : à moins que cela ne se fasse du consentement des supérieurs. » « Il n’y a rien de plus judicieux que la liberté de sentiments que les constitutions de cette société donnent à ses professeurs, de la manière qu’elle a été limitée. Le Père Ignace leur a ordonné de suivre en quelque science que ce soit la doctrine la plus sûre et la plus reçue. Mais comme il n’est pas facile de