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citent de plus Gabriel, célèbre théologien scholastique, qui dit que plusieurs vérités naturelles ont été inspirées aux Apôtres, et qu’un livre peut avoir été inspiré, quoiqu’on ait apporté du travail et de la méditation à le composer. Ces théologiens donnent aussi l’exemple de Jésus-Christ, lequel, disent-ils, s’il avait écrit quelque livre, aurait pu comme homme méditer et s’appliquer à cet ouvrage, bien que son esprit, sa bouche, sa langue, ses mains et ses doigts fussent perpétuellement les instruments du Saint-Esprit. C’est ainsi que les docteurs de Douai tâchent de détruire les propositions des jésuites de Louvain, qui leur paraissaient scandaleuses. Et voulant même faire connaître qu’elles renversent toute la religion, ils ajoutent, en parlant de la seconde proposition, que si on accorde une fois qu’il n’est point nécessaire que chaque vérité et sentence de l’Ecriture soit immédiatement inspirée, on disputera éternellement, non-seulement de ce qui est immédiatement inspiré dans l’Ecriture, mais même des Evangiles entiers, dont l’histoire a pu être connue par une voie humaine ; on doutera même en général si tous les livres de l’Ecriture qui ne sont point prophétiques ont été suggérés immédiatement par le Saint-Esprit à ceux qui les ont écrits. » « La troisième proposition parait à ces théologiens la plus dangereuse de toutes et opposée à saint Paul, qui nous assure que toute l’Ecriture est divinement inspirée, et une doctrine divine dictée par le Saint-Esprit. C’est pour cette raison, disent-ils, qu’on n’a jamais mis au nombre des Ecritures divines les décrets des papes et des conciles, bien que le Saint-Esprit nous témoigne par l’Eglise qu’il n’y a rien de faux dans ces décrets. Enfin ils ajoutent qu’on ne peut soutenir cette dernière proposition des jésuites de Louvain, qu’on ne reconnaisse qu’on pourrait mettre par la même raison parmi les livres de l’Ecriture les histoires de Thucydide et de Tite-Live, si le Saint-Esprit nous faisait connaître qu’il n’y a rien de faux dans ces histoires. Ils concluent leur censure par cette maxime : qu’une chose n’est pas divinement inspirée, parce qu’elle a été approuvée ensuite ; mais qu’au contraire elle a été approu¬