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des paroles comme celles-ci de saint Jean Chrysostome : Ne syllaba quidem prœtereunda, nam omnia sunt a Spiritu sancto. L’archevêque de Constantinople parlait en orateur, et ce n’est là qu’une hyperbole. »

« Puisque saint Chrysostome, en parlant de la sorte, désignait la traduction grecque de la Bible, il aurait dû croire que la traduction des 70 était inspirée. Le croyait-il ? Je ne le pense pas. »

Saint Jérôme affirme que le style des écrivains sacrés est leur œuvre propre et qu’il répond à leur génie , à leur caractère , à leurs facultés, à leur éducation, à leur genre particulier, à leur nation , à leur patrie : il remarque dans Isaïe la noblesse du style qui correspond à la noblesse de son origine : il dit que Jérémie est plus rustique dans son langage que les autres prophètes, aliis rusticior, bien que les pensées ne soient point inférieures, parce qu’elles sont dictées par le Saint-Esprit. « La simplicité de son langage, ajoute-t-il, s’explique par le lieu de sa naissance. Simplicitas sermonis de loco ei, in quo natus est, accidit. Le même Saint parle des Cilicismes, cilicismos, de Paul, natif de Cilicie. Saint Jérôme parle des interprètes ou secrétaires dont plusieurs apôtres ont été obligés de se servir pour écrire. Saint Pierre en eut plusieurs auxquels il dicta ses lettres : c’est par cette circonstance que saint Jérôme explique les différences de style. Paul se servit de Tite, parce que, dit le même Saint, l’Apôtre ne pouvait rendre la majesté des pensées divines dans le langage grec : Divinorum sensuum majestatem digno non poterat grœci eloquii explicare sermone. « Peut-on supposer que saint Jérôme ait pensé que ces interprètes étaient inspirés de Dieu, en sorte que les Apôtres et leurs secrétaires auraient été inspirés en même temps ? » Chaque auteur sacré a son style, et cette différence ne peut avoir pour principe le Saint-Esprit. On voit que les propres paroles de Jésus-Christ sont rapportées de différentes manières et qu’elles ne se ressemblent que par le fond de la pensée ; et on remarque ce fait jusque dans la relation de l’institution de l’Eucharistie.