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essentielles au but de Dieu, et qui forment la substance et comme le total des desseins qu’il s’est proposés en inspirant un écrivain.

Il est des choses que Dieu révèle et inspire jusque dans leurs plus petits détails parce que ces détails importent beaucoup ; il en est dans lesquelles l’Esprit surveille pour ainsi dire moins l’écrivain parce qu’ils n’importent point. « Ainsi, dit Patrizzi, que Jacob soit venu en Egypte avec 70 Israélites ou avec 75, cela n’importait pas au principal du discours d’Etienne ; cela ne se rapportait pas au but qu’il se proposait, lequel n’était point d’enseigner l’histoire aux Juifs, mais de les reprendre, et, s’il le pouvait, de les gagner au Christ. » Atqui, quod Jacobus in Ægyptum venerit sive cum septuaginta, sive cum septuaginta quinque capitibus, non id ad summam caputque orationis a Stephano habitæ pertinebat, aut ad ipsius consilium, quod nequaquam erat Judæos historiarum suarum notitia instruere, sed castigare, eorumque mentes et corda, si fieri potuisset, Christo adjungere [1].

§II. C’est ici le moment de demander jusqu’où l’inspiration s’étend. Pour répondre à cette question, n’oublions pas, dit Patrizzi, que pour qu’un livre soit d’un auteur, il n’est pas nécessaire que celui-ci l’écrive de sa main : il suffit qu’il dicte à un autre les choses et les pensées, res et sententias. On doit admettre que les Ecritures sont le livre de Dieu si l’inspiration divine a excité les auteurs sacrés à écrire toutes les choses et les pensées qu’elles contiennent, et si les écrivains n’ont ajouté ni une chose, ni une pensée qui ne vînt que d’eux-mêmes.

L’inspiration a-t-elle réglé l’ordre et la succession des événements de manière qu’il ne soit pas permis de supposer un autre ordre et une autre succession ?

  1. Cette observation de Patrizzi suffit, à elle seule, pour montrer l’inanité des efforts de Colenso et des rationalistes qui triomphent puérilement en relevant ce qu’ils appellent les-contradictions de la Bible, et pensent lui ravir son caractère divin en établissant que Moïse n’était ni un géologue, ni un astronome, ni un staticien aussi exact et aussi précis que les hommes de cette profession. Moïse se plaçait à un point de vue bien différent de celui du savant : voilà une observation dictée par le simple bon sens, et qu’il conviendrait de ne point oublier quand on veut juger la Bible des sommets de la critique.