pensée de Dieu. Les théologiens l’appellent une impulsion intérieure, un mouvement particulier, insolite, qui pousse à écrire, sans détruire la liberté de l’écrivain. Cet acte de Dieu influe particulièrement sur la volonté et sur l’intelligence. Le mode d’après lequel Dieu a agi sur l’écrivain sacré n’a pas toujours été le même. Tantôt Dieu a agi directement, tantôt médiatement. Ordinairement l’action de Dieu n’a pas été sensible ; il s’est contenté de suggérer intimement sa pensée. C’est ce qu’on peut admettre dans la rédaction de la plupart des livres de la Bible, pour la partie historique, pour les psaumes, les livres moraux, la plupart des prophéties et le Nouveau Testament, moins l’Apocalypse. Dieu ne s’est point contenté de l’inspiration intime et secrète dans les prophéties : dans Jérémie,XXXVI, 2, 18 ; dans Zacharie, I, 14, etc. ; il a rendu son action sensible.
L’inspiration a pour objet les pensées de Dieu. Il est nécessaire, en effet, si la Bible est un livre divin, qu’elle exprime la pensée de Dieu, c’est-à-dire toutes les idées, toutes les maximes et tous les faits qu’il veut confier à l’Ecriture. Il n’est point requis que Dieu inspire soit les mots, soit l’arrangement de ces mots. Il y a plus : quelque inexactitude, quelque imperfection peut être remarquée dans un livre inspiré, lorsque ces imperfections n’empêchent point le but général que Dieu se propose. Dieu, en inspirant un écrivain, se sert d’instruments imparfaits, de l’homme et du langage humain : il ne lui convient pas d’en corriger les défauts essentiels au delà d’une certaine limite qu’il a librement fixée, et en dehors des conditions nécessaires pour atteindre son but. Le P. Patrizzi a fait remarquer une sorte de contradiction entre les Actes, VII, 14, et la Genèse, XLVI, 27, dans la supputation du nombre des Hébreux venus avec Jacob en Egypte. D’après les paroles de saint Etienne, ce nombre est 75 ; d’après Moïse, 70.
Il pense que pour répondre à cette difficulté par un principe général, il faut ne point confondre les accessoires, les détails, et pour ainsi dire, les ornements du discours, avec les choses