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sortis de la main des hommes, que le chrétien reste facilement convaincu que la Bible est l’œuvre du Saint-Esprit. J’engage le lecteur à comparer lui-même les saintes Ecritures avec les livres sacrés de l’Inde, de la Perse, et même avec des livres postérieurs aux Evangiles, avec le Coran qui s’est inspiré de la Bible, avec le Talmud, etc. Quelle différence, par exemple, entre la cosmogonie de Moïse et les cosmogonies des peuples de l’antiquité ! Un abime sépare l’idée du Dieu de la Bible des images grossières de la divinité chez les nations les plus sages, contemporaines de la nation juive et beaucoup plus cultivées qu’elle, sous le rapport des sciences et des arts. Je ne parle point du Nouveau Testament, de nos Evangiles, des Epltres, etc. ; il est difficile d’échapper à l’impression du divin, produite par leur simple lecture.

Nul doute que la Bible ne soit inspirée.

Mais en quoi consiste cette inspiration ?

L'inspiration est ce secours surnaturel qui, influant sur la volonté de l’écrivain sacré, l’excite et le détermine à écrire en éclairant son entendement de manière à lui suggérer au moins le fonds de ce qu’il doit dire.

Il résulte de cette définition généralement acceptée que l'inspiralion ne s’étend point nécessairement aux mots, à leur arrangement, c’est-à-dire qu’elle peut n’être pas verbale, ainsi que s’exprime l’école. Il n’est point nécessaire non plus que toutes les parties de la Bible soient inspirées de la même manière. C’est du moins ce que pense Corneille Lapierre, dont nous citons ici le témoignage. « Le Saint-Esprit, dit-il, n’a point dicté les saintes Ecritures suivant un même mode. Il a révélé verbalement la loi à Moïse, et aux prophètes leurs oracles ; mais il n’a point été nécessaire à Dieu d’inspirer, ni de dicter les histoires et les exhortations morales que les écrivains hagiographes connaissaient auparavant, soit de visu, soit de auditu, soit par la lecture, soit par la méditation, puisqu’ils étaient déjà parfaitement informés. C’est ainsi que saint Jean (XIX, 35) dit qu’il a écrit ce qu’il a vu ; c’est ainsi que saint Luc déclare avoir composé son Evangile tel qu’il l’a entendu de la bouche