Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/464

Cette page n’a pas encore été corrigée

Deux choses nous paraissent, dans le moment présent, d’une importance extrême : 1° Maintenir le fait de l’inspiration biblique ; 2° n’en point exagérer l’étendue. Les preuves de l’inspiration sont : la tradition juive et la tradition chrétienne, les décisions de l’Eglise, le témoignage que l’Ecriture se rend à elle-même, et le caractère intrinsèque de la Bible.

Il est inutile de reproduire ici la preuve de la double tradition, juive et chrétienne ; les textes sur lesquels elle s’appuie sont dans tous les manuels de théologie. On n’a guère entrepris sérieusement de nier cette tradition, que le concile de Trente a sanctionnée dans sa quatrième session. Le concile de Trente, il est vrai, en affirmant le caractère divin de la Bible, ne s’est point servi du mot inspiré, et il s’est contenté du mot sacré. Mais tous les théologiens catholiques,en expliquant ce mot, ont compris qu’il renfermait l’idée d’inspiration. Voici les paroles du concile de Trente. Après avoir dressé le canon des saintes Ecritures, il ajoute : « Que si quelqu’un ne reçoit pas pour sacrés et canoniques tous ces livres entiers avec ce qu’ils contiennent..., qu’il soit anathème ! » Pour me contenter d’un seul texte, décisif dans la matière, et montrer le témoignage que l’Ecriture se rend à elle-même, sous le rapport qui nous occupe, je citerai cette parole de saint Paul : Omnis scriptura divinitus inspirata utilis est ad docendum, etc. Πᾶσα γραφὴ θεόπνευστος καὶ ὠφέλιμος πρὸς διδασκαλίαν[1]. L’apôtre saint Paul avait autorité sans doute pour fixer le caractère de la Bible. « Nous n’avons point à craindre que l’on nous reproche ici de prouver l’autorité de la Bible par cette autorité même, dit Patrizzi, nous ne citons point ces paroles en tant qu’inspirées, mais comme un témoignage apostolique [2] *. » Enfin, quiconque a médité les saintes Ecritures, y a trouvé des trésors si surprenants de doctrine et de sagesse, une vérité, une sainteté, une onction, une force, une vertu si fort élevées au-dessus de tout ce qu’offrent les plus beaux livres

  1. II Timothée, iii, 15-17.
  2. Patrizzi, Commentationes tres, p. 11.