versations qu’il aurait avec lui. Saint Jean était juif de naissance ; comme saint Paul ; il avait pris sa part des douleurs de son peuple, et dans son évangile il n’a point voulu parler de la ruine de Jérusalem.
De tout ce que nous venons de dire, il résulte que la quatrième phrase du fragment de Thomasius ne renferme rien que Papias n’ait pu écrire. Nous devons y voir un renseignement précieux ajouté à ceux que nous possédions déjà sur l’origine du quatrième évangile. Le fragment de Muratori et les paroles de saint Jérôme nous avaient appris qu’il avait été composé à la demande des évêques de l’Asie ; Papias nous fait connaître les raisons qui avaient déterminé la prière des évêques adressée à saint Jean. En terminant cette dissertation, qu’il nous soit permis d’insister sur une remarque que nous avons déjà faite. Nous reconnaissons que la correction de la troisième phrase, d’après laquelle il faut lire Cérinthe au lieu de Marcion, doit donner lieu à plus d’une objection. Nous ne sommes point partisans des procédés violents de celte critique qui efface ce qui déplaît pour substituer ce qui agrée, et il a fallu des motifs graves pour nous y résoudre. Mais supposé que toutes les corrections proposées ne soient point admises, le fragment de Thomasius ne perd pas pour cela sa principale valeur. Le renseignement fourni par la première phrase demeure tout entier ; le second, confirmé par le prologue du P. Cordier, remonte incontestablement à une haute antiquité, alors même qu’il n’émanerait pas de Papias. Quant à la troisième et à la quatrième phrase, on peut, si l’on veut, admettre qu’elies proviennent de différentes sources et d’additions successives ; dans ce cas, le fragment de Thomasius ressemblerait au prologue du P. Cordier. L’auteur s’est approprié l’hypothèse d’Eusèbe, d’après laquelle le quatrième évangile a été écrit pour compléter les trois premiers, ce qui ne l’empêche pas toutefois de dire aussitôt après que Jean a dicté son évangile à Papias. L’auteur ne se doutait certainement pas des inductions défavorables qu’on tirerait un jour de sa phrase contre celui qu’on a appelé le Père de L' Histoire de l'Eglise.