Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée

40 LES ÉVANGILES.

2° Comme les connaissances linguistiques ne suffisent pas pour interpréter la Bible, nos pères s’aidaient d’autres moyens encore. Sachant que pour interpréter un code, il faut ajouter à l’intelligence du texte les explications fournies par ceux qui l’ont écrit, par ceux qui ont approché de plus près ses rédacteurs ; sachant qu’il faut consulter ceux qui ont appliqué les lois et recourir aux jugements du passé, les commentateurs de la Bible ont toujours interrogé avec une pieuse sollicitude la voix de la tradition. Si un texte sacré leur paraissait obscur, ils se posaient immédiatement cette question : Comment les Pères, c’est-à-dire les premiers témoins de la foi, les disciples ou les successeurs des Apôtres, ont-ils entendu ce mot ou ce passage ? La réponse finissait leurs doutes et leurs perplexités. Ayant toujours présente à l’esprit cette maxime : Nihil innovetur, nisi quod traditum est, ils disaient aux novateurs : Nos pères dans la foi n’ont pas connu vos interprétations. Voici leurs paroles ; elles contredisent les vôtres. Vous n’êtes donc point dans la vérité : Nihil innovetur, nisi quod traditum est. Si, blessés par l’application d’une règle si ferme, les novateurs menaçaient de se séparer de l’Eglise, et se séparaient en effet, l’Eglise, malgré sa douleur, les laissait s’éloigner ; et, depuis le premier siècle jusqu’au XVIe, elle a préféré rester le triste témoin de la perte des Grecs et de la très-grande partie de l’Allemagne et de l’Angleterre, plutôt que d’accepter des spéculations nouvelles, et d’abandonner les règles si sages léguées par les Apôtres et leurs successeurs.